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Fin annoncée des surplus d’électricité : l’AQCIE est active pour valider les réels besoins d’Hydro-Québec

Le texte d’Hélène Baril paru dans La Presse+ le jeudi, 6 août dernier fait état d’un éventuel manque d’électricité selon les prévisions d’Hydro-Québec qui sonde d’ores et déjà les producteurs privés afin de s’approvisionner en électricité. Or, des questionnements et des préoccupations subsistent quant aux réels besoins de la société d’État au cours des prochaines années ainsi que face à son empressement à se lancer en appel d’offres.

Dans son Plan d’approvisionnement 2020-2029 déposé auprès de la Régie de l’énergie, Hydro-Québec prévoit la fin de ses surplus d’électricité dès 2025. À l’instar des experts indépendants cités dans l’article, l’AQCIE émet de nombreuses réserves relativement à ces prévisions, ce qu’elle entend bien défendre à titre d’intervenante lors des audiences devant la Régie prévues dès le mois de septembre.

Les besoins réels en énergie exprimés par la société d’État ainsi que leur évolution au cours des dix prochaines années sont questionnables. À titre d’exemple, est-il justifié d’affirmer que l’électrification des transports, les cryptomonnaies et les serres occasionneront une hausse significative de la demande dans un avenir rapproché ? Dans la même veine, les besoins accrus annoncés pour desservir le secteur industriel québécois sont-ils réalistes alors que nous faisons maintenant face à une économie mondiale en pleine tourmente ? Les prévisions d’Hydro-Québec ont été établies à la fin de 2019 et ne tiennent donc pas compte des impacts de la pandémie sur l’économie québécoise. À cet égard, Hydro-Québec rétorque que la crise liée à la COVID-19 ne changera pas les prévisions à moyen et à long terme. Cet optimisme a de quoi surprendre.

D’ailleurs, des prévisions trop optimistes d’Hydro-Québec ont, par le passé, mené à de mauvaises décisions, ce qui a engendré des surplus d’électricité importants sur de nombreuses années. Ne pensons qu’aux contrats à long termes pour l’achat d’énergie éolienne en 2013 dont nous n’avions pas besoin. Ultimement, les coûts engendrés par ces surplus d’électricité sont assumés par la clientèle d’Hydro-Québec. Pour les grands industriels, l’approvisionnement en électricité représente une composante majeure de la facture d’électricité et toute hausse de tarifs peut se traduire par des milliers, sinon des millions de dollars en coûts additionnels chaque année.

L’activité industrielle étant actuellement en baisse majeure au Québec, il est fort inopportun de songer à rajouter des coûts à des entreprises qui tentent déjà de survivre à cette crise. Au contraire, les efforts devraient viser à favoriser leur compétitivité en cette période d’incertitude. Hydro-Québec doit prendre le temps de revoir ses prévisions à la lumière du nouveau contexte économique et bien évaluer les différentes alternatives qui s’offrent à elle afin de minimiser les coûts pour les consommateurs d’électricité. D’autres mécanismes doivent être considérés, ne pensons qu’à l’option de l’électricité interruptible chez la clientèle industrielle qui pourrait être bonifiée.

Il importe également de souligner que les industriels du Québec, au même titre que les autres consommateurs d’électricité québécois, ne doivent pas assumer la relance post-pandémie et le développement économique et social par le biais des tarifs d’électricité. Bien que louables, ces objectifs doivent se faire au moyen de programmes gouvernementaux appropriés et non en refilant la facture aux consommateurs d’électricité du Québec. C’est d’ailleurs ce principe directeur qui a guidé la demande d’intervention de l’AQCIE devant la Régie de l’énergie dans le cadre du récent dossier de demande de modification de la tarification pour les serres agricoles.

Avant de courtiser les producteurs privés et de lancer des appels d’offres, la société d’État doit faire preuve de prudence. Évitons de répéter les erreurs du passé en générant des surplus d’électricité pendant des années, à des prix supérieurs à ce qui pourrait être obtenu, et qui devront ultimement être assumés par la clientèle d’Hydro-Québec, ajoutant ainsi aux coûts de nos industriels québécois.

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La Presse, 6 août 2020
Hélène Baril

Électricité: Hydro magasine auprès des producteurs privés

Pour la première fois depuis des années, Hydro-Québec prévoit de manquer d’électricité dans cinq ans pour alimenter ses clients québécois, et la société d’État sonde actuellement les producteurs privés pour tenter de trouver la meilleure façon de combler ses besoins.

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Jocelyn B. Allard
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